Yvette Alde (1911-1967)
Elle a été l’une des grandes dames de l’École de Paris, à l’égal d’Yvonne Mottet, Marie Laurencin, Léonor Fini, Suzanne Duchamp. Saluée d’abord comme portraitiste (on lui doit un intéressant visage de Soutine aujourd’hui conservé au musée d’Art moderne de la Ville de Paris), Yvette Alde a surtout signé des paysages, des nus, d’exceptionnels bouquets, des natures mortes — ses thèmes de prédilection, toujours traités de sa touche particulière, liée à un généreux usage de volume et de pâte, et de la sorte immédiatement reconnaissable. Selon l’analyse de Lydia Harambourg : « La matière épaisse, travaillée comme à la truelle, acquiert l’éclat des gemmes. »
Sans aucun doute, Yvette Alde, disparue trop tôt (elle avait 56 ans), aimait éperdument la peinture. Une passion qui remontait à loin, quand elle se formait sous la direction de deux excellents maîtres, Charles Picart Le Doux et André Lhôte. Au côté du premier, elle put répéter le mot célèbre de Maurice Denis : « Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. » Au côté du second, elle apprit l’art du gros plan et celui de la tension. D’où cette peinture, on le répète, immédiatement reconnaissable, puissante mais incontestablement poétique, qui lui permit d’imposer sa marque dans l’histoire de l’art.
Du temps de sa carrière, Yvette Alde était de tous les Salons annuels parisiens — et même présente au Salon d’Automne dès 1932, alors qu’elle n’avait que vingt et un ans. Elle se frotta aux sujets religieux, au surréalisme et au classique flamand,.donnant ainsi raison au critique Jean Bouret : « Yvette Alde, faite pour le lyrisme, chante en hautes notes l’amour de la beauté perdue. » Ses œuvres sont accrochées dans vingt-cinq musées et collections publiques, tant en France qu’à l’étranger.