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Exposition Mark Brusse. La main et la mer

du 11 juillet au 13 septembre 2014

L’exposition Mark Brusse. La main et la mer réunit, au Centre Cristel Éditeur d’Art à Saint-Malo, une trentaine d’œuvres. Cet exceptionnel artiste, conservé dans plus de cinquante musées dans le monde — il est aussi l’auteur d’œuvres monumentales élevées sur quatre continents —, a vécu toute son enfance à Alkmaar, aux Pays-Bas, dans un univers de grèves, de plages et de vents. Puis, après une formation aux Beaux-Arts d’Arnhem, il est allé courir son destin, exposant très vite comme peintre et sculpteur. Première exposition personnelle ? C’était à Paris, en 1961. Puis il y eut une autre exposition personnelle frappante, en 1968, au Stedelijk Museum, à Amsterdam. Depuis 1987, cet infatigable voyageur dessine sur du papier de mûrier coréen. Une œuvre colorée, inimitable, à la poésie douce et puissante.

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Mark Brusse

chaman et magicien

On doit au critique Pierre Restany une remarque très fine, souvent reprise par les historiens de l’art : « Mark Brusse voit le monde du dehors avec le regard du dedans. » Ce qui signifie, pour les spécialistes, que ce prodige révélé comme sculpteur à Paris, en 1960, dans la mouvance amicale des Nouveaux Réalistes et du groupe Fluxus, échappe aux lois communes des hommes. N’a-t-il pas été surnommé maintes fois le « chaman » — et encore par Stéphane Carrayrou, en mars 2010, tandis que s’ouvrait conjointement au LAAC de Dunkerque et au Musée du dessin et de l’estampe de Gravelines l’indispensable célébration de son œuvre… Parce que l’ancien élève de l’École des Beaux-Arts d’Arnhem, né aux Pays-Bas en 1937, en était arrivé là : une œuvre riche, puissante, palpitante, honorée par plus de deux cents expositions personnelles sur quatre continents. « Mark Brusse est passé sur l’autre rive de l’art qu’atteignent seulement les grands créateurs », devait attester l’écrivain Jacques Vallet.
Pour autant, comment définir exactement la trace que Mark Brusse, inépuisable voyageur, laisse et laissera sur la surface du globe ?

La facilité serait de songer aux sculptures monumentales qu’il a élevées, dans la pierre et le bronze, en France, en Italie, en Hollande, au Maroc, en Corée du Sud, au Japon, en Équateur ou sur l’île de Taiwan. Mais il se pourrait également que son empreinte garde l’éclat doux et subtil des incomparables images peintes qu’il engendre depuis 1987. En l’espèce, des compositions sur papier de mûriers coréens, nourries de pigments naturels, de craie, de pastels et du tison clair voyant de sa main. Car chez cet enchanteur, la main, évidemment, prolonge l’esprit ! Elle réussit à suggérer l’indicible sans assourdir le mystère… D’où l’impression que Mark Brusse réinvente, à lui seul, et l’art coloré de l’estampe japonaise, et le règne des ombres, des âmes, des forces cosmiques. Dans son imaginaire, l’eau, la terre, le ciel, le feu et tous les êtres vivants vibrent comme les répons d’un plain-chant.
« Quarante années de recherche formelle et de quête émotionnelle, tactile et spirituelle », prévenait Robert Bonaccorsi, en 2008, pour saluer cet artiste sans pareil, que chaque collectionneur reconnaît au premier coup d’œil. Mark Brusse, vieux chaman, est un éternel magicien.

Christophe Penot
Éditeur d’art