Jacques Berland (1918-1999)
Remis en lumière par la rétrospective qui lui a été consacrée au musée château Saint-Jean à Nogent-le-Rotrou en 2005, Jacques Berland est l’un de ces petits maîtres qui font le charme de la peinture française. Un authentique talent, porté par une véritable technique et une véritable vision. « Comment se faisait-il que cet artiste, originaire du Perche d’Eure-et-Loir, nous soit resté inconnu ? » demandait Françoise Lécuyer-Champagne, conservatrice du musée. La réponse fut donnée par l’analyse biographique : Jacques Berland, né en 1918, cessa de peindre en 1962, à l’âge de 44 ans. Une résolution prise alors qu’il venait d’être nommé chargé de conférences des musées nationaux (il parlait quatre langues). Mais la grandeur du Louvre et celle de ses génies l’écrasèrent. Il renonça à inscrire sa propre trace dans la longue histoire de l’art…
Pourtant, quelles promesses il avait fait naître ! On l’a dit : un authentique talent révélé après-guerre, lorsqu’il put enfin entrer à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. C’était en 1946 ; il avait Jean Souverbie pour maître. Un très bon maître, précisons-le, qui lui enseigna la force des lignes et le jeu des couleurs. En 1950, François Depret, dans Le Monde, salue son travail, « fort et sombre comme la glèbe ». C’est le début d’une savante montée en puissance. En 1953, il devient pensionnaire de la Casa Velázquez, à Madrid. Il rejoint l’École de Paris et expose dans la célèbre galerie Charpentier, aux côtés de Bazaine, Brayer, Buffet, Estève, Manessier, Picasso, Pignon, Staël, Utrillo, Van Dongen, Vlaminck et Vasarely ! Puis il enchaîne avec un voyage d’études à la Maison Descartes d’Amsterdam. Labeur prometteur, ouvrant sur l’idée, parfaitement admissible, que Jacques Berland incarne un autre Buffet, au graphisme aussi sûr mais plus onirique…
Hélas, Jacques Berland n’aimait que l’absolu. Il arrêta donc de peindre. En laissant heureusement ces dessins et ces toiles qui font notre bonheur aujourd’hui.
C. P.