Anne Limbour
« Qui voit le ciel dans l’eau voit les poissons dans les arbres », annonce joliment un proverbe chinois. Une manière, sans doute, d’exprimer que toutes les magies sont possibles, à commencer par celle que nous propose Anne Limbour, artiste bretonne née en 1971. Que suggère en effet son œuvre, sinon une re-création du monde… Un monde dans lequel les poissons ne sont plus vêtus d’écailles, mais de ces plumes qu’elle ramasse au hasard, puis qu’elle présente adroitement découpées, assemblées, pointées sur une planche, dans un cadre, sous un verre.
Travail d’orfèvre, assurément. Mais, plus encore, travail poétique, tendre, généreux, qu’un autre magicien, Jean Cocteau, eût forcément adoré. Pensez : des poissons armés d’un rachis et habillés de barbes tels des sylphes costumés ! Des organismes veloutés, ambigus, énigmatiques, liés à l’air, aux vents, à l’eau, aux courants, mais qui jamais ne volent, jamais ne nagent, et pourtant nous invitent. Que l’on ne s’étonne donc pas qu’Anne Limbour soit venue prendre place parmi les prestigieux artistes que le Centre Cristel Éditeur d’Art réunit régulièrement. Dans le compagnonnage des forêts cartonnées d’Eva Jospin ou des tressages écologiques de Marinette Cueco, elle a d’importantes choses à nous dire…
On le répète : une œuvre singulièrement douce et forte, applaudie dès ses premières expositions. En 2008, Anne Limbour a reçu le Prix du public au Salon de Douarnenez et le Prix du public au Salon de Saint-Briac-sur-Mer. En 2011, elle a reçu de nouveau le Prix du public au Salon de Saint-Brieuc. Puis, en 2015, encore à Saint-Brieuc, le Prix spécial arts plastiques de la Biennale Peintres et sculpteurs de Bretagne. Les bases d’une réputation désormais bien établie pour cette femme, diplômée de la Chambre syndicale de la couture parisienne, qui avait entamé son parcours professionnel chez Christian Dior comme designer. On connaît la suite : ces re-créations féeriques. À regarder telle une œuvre pure, portée par le génie du mouvement.