Exposition Animalia. Mathurin Méheut et Damien Colcombet
Du 6 mai au 15 juillet 2017
C’est une exposition que La Fontaine aurait appelée de ses vœux : « Animalia » !
Autrement dit, la rencontre entre deux grands talents de la peinture et de la sculpture. Celui du mythique Mathurin Méheut, dont on présente les 26 planches inédites d’un extraordinaire abécédaire animalier. Celui de Damien Colcombet, maître de la sculpture moderne, dont les bronzes animaliers ont d’ailleurs déjà pris place dans de prestigieuses collections.
Œuvres de l’exposition Animalia
Animalia
« L’œil et l’esprit de La Fontaine »
Il faut l’imaginer nous revenant, et poussant en curieux la porte du Centre Cristel Éditeur d’Art… Déjà, au premier pas, son regard s’illumine… Il avance, savoure et s’exclame joyeusement, comme frappé par l’évidence : « Un bestiaire ! » Puis, avançant toujours, il ajoute, en spécialiste des lettres et de la faune : « Non seulement un bestiaire, un abécédaire ! Un abécédaire animalier ! » Et notre visiteur, bien sûr, de se frotter les mains, ravi que l’on puisse encore, quatre siècles après le sien, convertir et charmer le monde avec des tigres, des lions, des hippopotames, des éléphants de toutes sortes, un fou de Bassan, un cormoran, des oies, un renard ou la masse claire d’un taureau charolais. Son nom ? Quiconque l’aura compris : il s’agit de Jean de La Fontaine… On se plaît donc à le deviner « fort aise », tandis qu’il contemple une à une les vingt-six planches animalières créées jadis par Mathurin Méheut, illustre peintre du Grand Ouest. Et « fort aise », également, pendant qu’il flatte de la paume une jument de trait habilement modelée dans la glaise par Damien Colcombet, un maître de la sculpture moderne. Car telle est l’invitation que propose le Centre Cristel Éditeur d’Art via cette exposition « Animalia » : un bain de jouvence et un merveilleux safari ! Un appel au rêve, aussi, avec un goût certain pour une patiente idée de la forme et du beau. « Je me sers d’animaux pour instruire les Hommes », prévenait l’immortel fabuliste. De quels rêves se nourrissait Mathurin Méheut ? Ses biographes, Roman Petroff en tête, l’ont régulièrement expliqué : il songea préalablement à des terres lointaines, prometteuses parce que mystérieuses…
Un désir qui touchait le cœur autant que la raison, et le fit voyager jusqu’au pays du Soleil-Levant. Puis, l’expérience ayant fait son œuvre, il arrêta un jour sa palette, non pas devant les paysages de sa Bretagne natale, mais devant ses coutumes et ses mœurs. Chacun connaît le résultat : des milliers de croquis, à la fois précis et enlevés, griffés ou fermement colorés. Mais ce que l’on ignorait, c’est qu’il avait signé en outre, pour un enfant de sa parentèle, cet Abécédaire qui devait rester sa réalisation la plus intime et la plus secrète… D’où la tentation de regarder ce recueil inattendu, spécialement révélé dans cette exposition, de la même façon que les lecteurs ont découvert, en 1943, Le Petit Prince. Pour le moins, un livre sans pareil, sachant combler l’œil et l’esprit. Un ouvrage de pure bibliophilie, que nous avons voulu éditer, en accord avec ses descendants, à cinquante exemplaires. Comment ne pas croire que ce trésor deviendra mythique… Et comment ne pas croire que Damien Colcombet, né à Rennes en 1967, est de ces rares élus appelés à marquer profondément leur chemin ? Il a choisi le sien : la sculpture animalière, envisagée non point comme une rente ou une carrière, mais comme l’aboutissement naturel d’une invincible vocation. On a d’ailleurs souvent conté son histoire, notant qu’il fut un jeune homme doué, titulaire d’une maîtrise de droit et diplômé de Sciences Po Paris. Qu’il fut en conséquence, dans une grande entreprise française, un cadree supérieur et un futur magicien. Parce qu’au terme de sa mue, sur les lambeaux de sa propre chrysalide, Damien Colcombet a démontré son double et magnifique talent. D’abord, celui de l’érudit, de l’expert, capable d’enseigner que l’homme de Cro-Magnon s’efforçait déjà de représenter, dans leur poids, leur énergie et leur fluidité, la silhouette des carnivores de l’époque. Puis son impressionnant talent personnel, lequel lui assure l’admiration des collectionneurs et des critiques d’art, et lui vaudra une place enviable parmi les Barye, les Bonheur, Frémiet, Fratin, Mène, Pompon, Bugatti et autre François-Xavier Lalanne. Des géants, sans conteste, qui célébrèrent tour à tour la belle intuition du cher La Fontaine :
Car tout parle dans l’Univers ;
Il n’est rien qui n’ait son langage.
Christophe Penot
Éditeur d’art