Exposition Dalí. Surréaliste rabelaisien
Du 12 ocotbre 2024 au 11 janvier 2025
Mouvement artistique lancé par un manifeste d’André Breton, le surréalisme fête ses 100 ans ! Cet anniversaire célébré dans le monde entier, et particulièrement au Centre Pompidou à Paris, trouve un écho passionnant au Centre Cristel Éditeur d’Art avec la présentation de l’un des monuments du surréalisme pictural : les vingt-cinq lithographies réalisées par Salvador Dalí en 1973 pour illustrer Les Songes drolatiques de Pantagruel de Rabelais. Lithographies dans lesquelles le maître espagnol ne met plus aucun frein à son inspiration.
Deux génies, deux œuvres, une exposition. Sublissime !
Visuels sur demande
Œuvres de l’exposition Dalí. Surréaliste rabelaisien
Pantagruel, surréaliste Dalinien…
Ah ! quels terribles sujets que voilà… Quatre en un, pour fêter la naissance, il y a désormais 100 ans en ce mois d’octobre 2024, d’une retentissante hydre appelée le « surréalisme ». Chacun connaît son créateur officiel : l’écrivain-poète André Breton, qui le théorisa de la sorte : « Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. » Traduisons : la liberté d’être ambitieux, bavard et provocant. Traduisons encore : une façon conceptuelle, pour le même André Breton, de tracer son autoportrait. Car sur l’excentrique Breton, il y aurait beaucoup à dire… Selon ses jours, un ami fidèle et dévoué. Le lendemain, un camelot, un cabot, un tyran capable de réclamer une cour d’assises pour une virgule oubliée ! Bref, du bon grain et du chiendent. Avec le recul du temps et deux doigts de jugeote, sans doute est-ce la meilleure définition du surréalisme que l’on puisse offrir au public.
Reste qu’il y a définition et définition. Afin d’élargir le spectre, nous ne manquerons pas de penser à celles, complexes et savantes, que proposent d’excellents universitaires au Centre Pompidou, à Paris — c’est la fameuse exposition « Surréalisme » organisée jusqu’au 13 janvier 2025. En comparaison, le 39e accrochage du Centre Cristel Éditeur d’Art ne saurait évidemment symboliser qu’un modeste mais précieux écho. Non multa, sed multum. Pas nombreux, mais d’importance, d’après l’exhortation latine. Aussi sommes-nous particulièrement heureux d’afficher ce que l’on admire généralement au Théâtre-Musée Dalí de Figueras et, quelquefois, dans des salles de vente : les vingt-cinq lithographies en couleurs signées par Salvador Dalí pour illustrer Les Songes drolatiques de Pantagruel. Ce qui nous invite à saluer au passage François Rabelais, l’auteur de l’ouvrage, mort en 1553. Un chantre, un mythe, nettement plus épais qu’André Breton. Sans forcer le trait, le fondateur de la langue française moderne. Le seul romancier dont les protagonistes, Gargantua et Pantagruel, peuvent s’asseoir sans rougir à la même table que les héros d’Homère.
Arrêtons-nous un instant sur Pantagruel. Un sacré farceur, celui-là, au point que son adolescence tumultueuse obligea souventes fois son pauvre père, Gargantua, à se réconforter avec une boîte de Lexomil ! (Les contemporains comprendront.) Faut-il rappeler que Pantagruel mangeait et buvait comme personne ? Au petit déjeuner, le lait de 4 600 vaches ! Après quoi, il pétait, rotait et jurait allègrement. Il avait une utilisation très singulière de son pénis, muscle dont les bonnes fortunes ne sont plus à conter. Parmi ses exploits « présentables », nous pourrions détailler de quelle manière il eut la peau de Loup Garou, ou comment il a occis trois cents géants. Surréaliste ? Certes. Ni Rabelais ni son aîné, Jérôme Bosch, n’ont attendu le Manisfeste d’André Breton pour surréaliser à cœur joie !
Que proclamait, de son côté, Salvador Dalí dans son Journal d’un génie ? « Le surréalisme, c’est moi. » Provocation, bien entendu, qui s’avérait toutefois loin d’être sotte. Nul dessinateur, en effet, depuis le trop ignoré Richard Breton, n’a soutenu avec autant d’aplomb l’extravagance naturelle de Pantagruel. Nul autre que le maître espagnol n’a mieux ressenti et interprété l’onirisme rocambolesque de François Rabelais. Fol, excessif, insupportable mais inimitable Dalí… Nous l’imaginons tel qu’il se dressait face à la pierre, pour laisser courir son propre génie. Dans une main, sa spectaculaire canne. Dans la seconde, le crayon lithographique. Et derrière ses théâtrales grimaces, ce désir quasi organique de surprendre, d’affoler, de ravir. Surréaliste ? Oui. Surréaliste Dalinien.
Christophe Penot
Éditeur d’art