Exposition Esprit olympique
Du 27 juillet au 5 octobre 2024
Pouvions-nous y échapper ? Pouvions-nous faire que cette trente-huitième exposition au Centre Cristel Éditeur d’art, précisément inaugurée le soir de l’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, ne soit pas consacrée à ce qu’il faut bien appeler « l’esprit olympique ». C’est-à-dire l’idée que les hommes et les femmes, théoriquement des êtres de pensée — on en doute quelquefois, mais c’est un autre débat — sont aussi les incarnations d’un corps, d’une force, d’un geste, d’un style, d’un élan.
Œuvres de l’exposition Esprit olympique
Esprit olympique
Pouvions-nous y échapper ? Pouvions-nous faire que cette trente-huitième exposition au Centre Cristel Éditeur d’art, précisément inaugurée le soir de l’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, ne soit pas consacrée à ce qu’il faut bien appeler « l’esprit olympique ». C’est-à-dire l’idée que les hommes et les femmes, théoriquement des êtres de pensée — on en doute quelquefois, mais c’est un autre débat — sont aussi les incarnations d’un corps, d’une force, d’un geste, d’un style, d’un élan. Avec, pour écho, la fameuse devise olympique : Citius, altius, fortius. « Plus vite, plus haut, plus fort », laquelle a vu le jour en 1894, sous l’inspiration d’un fervent prédicateur, le père Henri Didon. Un drôle de personnage, à la vérité, capable de s’aveugler sur la soi-disant culpabilité du capitaine Dreyfus. Mais, pour l’essentiel, un homme à la volonté extrême. Citius, altius, fortius… Comment ne pas le voir ? La devise olympique, taillée autant pour le muscle que pour l’esprit, est forcément taillée pour l’art. Quel peintre, en effet, ou quel sculpteur, n’a pas bourdonné, face à son chevalet ou sa sellette, cette auguste prière : « Plus vite, plus haut, plus fort » ? Et, même, à l’évidence, « plus beau, plus grand, plus loin »… À cet égard, il nous revient une autre prière, jadis formulée par le jeune Raymond Moretti : « Donnez-moi le ciel et je le peindrai… » Mot génial, qui ouvrait largement les portes du rêve et de la création. Certainement est-ce pour cette raison que Pablo Picasso admirait tant Moretti.Raymond Moretti, justement… Il a été, en 2004, le premier artiste invité par Cristel Éditeur d’Art afin de concrétiser ce qui deviendrait l’un des plus passionnants défis de l’art contemporain : réaliser chaque année un portrait de Jacques Goddet, célèbre figure de la presse et du sport. Pour résumer : le seul envoyé spécial français à Los Angeles, lors des Jeux olympiques de 1932. Le fondateur du quotidien L’Équipe en 1946. Le successeur d’Henri Desgrange à la tête du Tour de France, de 1947 à 1987.
Et donc, depuis 2004, dans le cadre du Prix Jacques-Goddet récompensant annuellement le meilleur article de la presse francophone sur le Tour de France, le sujet auquel se sont déjà attelé vingt artistes du xxie siècle : dessiner Jacques Goddet. Et quels artistes ! Dans l’ordre de montée sur scène, Raymond Moretti, Eduardo Arroyo, Ernest Pignon-Ernest, Henri Cueco, Mark Brusse, Valerio Adami, Peter Stämpfli, Vladimir Veličković, Erró, Jacques Villeglé, Peter Klasen, Philippe Cognée, Antonio Seguí, Claude Viallat, Gérard Guyomard, Pat Andrea, Camilla Adami, Olga Novokhatska, Ivan Messac, Franco Salas Borquez. Une liste qui, à elle seule, possède les vertus d’un palmarès olympique ! Vingt des champions de la peinture d’aujourd’hui, dont les tableaux sont accrochés dans plus de mille musées dans le monde…
Projet sensationnel, accompli sous la forme d’estampes soigneusement numérotées et signées, à l’indéniable dimension muséale. En passant d’un portrait à un autre, ou en passant d’une vision tennistique à une autre puisque l’incontestable réussite du Prix Jacques-Goddet a donné naissance au Prix Denis-Lalanne récompensant annuellement le meilleur article de presse consacré au tournoi de Roland-Garros, en passant d’œuvre en œuvre, comment ne pas être immédiatement frappé par la variété des styles et la diversité des talents ? Comment ne pas s’arrêter devant les mille puissances du trait — jamais le même ? Oui, trait unique, mais vibrant, et toujours reconnaissable d’artiste en artiste, de maître en maître. D’où cette question quasi olympienne que nos visiteurs ne manqueront pas de (se) poser : quel peintre, quelle œuvre, quel dess(e)in préfèrent-ils ?
Sur l’immense podium de l’art, les ex aequo sont permis.
Christophe Penot
Éditeur d’art