Exposition Toulouse-Lautrec. Au cirque
Du 9 juillet au 24 septembre 2022
Est-il encore besoin de présenter Henri de Toulouse-Lautrec ? Sauf à redire ce que les historiens ont mille fois conté : son incroyable vie de bohème, marquée par l’alcool et les femmes. Et puis son génie, immense, admiré dans tous les musées du monde ! Tableaux, lithographies, dessins… Dont les fameux dessins qu’il a consacrés à sa passion du cirque, édités à 200 exemplaires en 1905. Et réunis pour notre exceptionnelle exposition « Toulouse-Lautrec. Au cirque ».
Œuvres de l’exposition Toulouse-Lautrec
Toulouse-Lautrec
Au cirque
Huit ans après avoir inauguré le Centre Cristel Éditeur d’Art en compagnie de Jacques Villeglé, quel artiste devions-nous inviter pour célébrer notre 30e exposition ? Un maître contemporain dans l’élan des Adami, Brusse, Erró, Veličković, Seguí, Klasen, Guyomard ou Salas Borquez, tous venus dans nos murs, à Saint-Malo ? Un prestigieux classique, blanchi sous le harnais de l’histoire de l’art, à l’image de cet Émile Bernard qui fut la persona grata de notre 25e accrochage ? Ou alors fallait-il privilégier un événement, comme lorsque nous avons choisi de présenter, en collaboration avec l’atelier Clot, Bramsen & Georges, la plus grande lithographie en couleurs jamais imprimée à ce jour ? Questions nécessaires, finalement résolues par une double réponse : notre 30e exposition, organisée du 9 juillet au 24 septembre 2022, donnera toute sa place à un immense, un légendaire peintre classique. Pour cette unique raison, mais aussi pour la rareté des pièces rassemblées, c’est un événement !
Que l’on s’arrête sur ce nom : Henri de Toulouse-Lautrec… Un authentique génie, applaudi dans les principaux musées de la terre. Mais un homme à part, eût-il été le compagnon de Vincent Van Gogh et d’Émile Bernard dont il a laissé d’exceptionnels portraits. Car il existe inévitablement, pour les nombreux spécialistes qui le suivent pas à pas, l’idée indissociable d’une vie et d’une œuvre. Parlons d’abord de l’œuvre : plus de 1 000 peintures et aquarelles, 369 lithographies, des milliers de dessins. Des créations toujours étonnantes, que l’on voudrait dire singulières, sinon « inclassables». C’est l’évidence : comme il y eut un seul Van Gogh, il n’y aurait qu’un seul Toulouse-Lautrec. Qu’un seul prodige armé de ce trait si particulier, tantôt flottant et vaporeux, tantôt coupant tel du verre. Qu’un seul démiurge sachant porter, sur les êtres et les choses, ce regard acéré rappelant Rimbaud et Artaud.
Et puis, l’homme… Un dieu, un diable, un mythe ! Est-il besoin d’écrire ici ce que les livres et les films ont abondamment raconté ? Son incroyable vie de bohème, marquée par l’alcool et les prostituées. Sa santé fragile, sa mort trop rapide, certainement liées au pire de ses héritages : la consanguinité de ses parents, cousins germains et aristocrates mondains descendant d’une très ancienne famille de France. À quel moment découvrit-il dans l’art une parade capable de lui faire oublier son corps contrefait, lequel ne dépasserait pas le mètre 52 ? Sans doute en 1872 (il avait onze ans), quand son père, nouvellement installé à Paris, l’emmena au cirque. Impression fulgurante, ineffaçable… Des années durant, comme s’il voulait retrouver ce doux enivrement, Henri de Toulouse-Lautrec continua d’admirer la furia de la piste, ses clowns, ses écuyères, ses jongleurs et ses trapézistes. Enfin, tous ceux qui accomplissaient dans les airs des voltes qu’il jetterait ensuite sur ses toiles, sur ses feuilles.
De cette passion, on sait ce qu’il resterait : trente-neuf dessins aux crayons de couleur et à l’aquarelle réalisés en 1899, dans un asile, deux ans avant son décès survenu le 9 septembre 1901. Trente-neuf merveilles testamentaires et magistrales, donc, aussitôt saluées par la critique. Si bien qu’en 1905, la Maison Goupil, universellement réputée pour ses éditions d’art, décida de reproduire à l’identique, selon le procédé exigeant de la phototypie, vingt-deux de ces irremplaçables dessins. Puis, ce premier portfolio étant devenu inaccessible (d’éminents collectionneurs se l’étaient arraché), la Librairie de France, en 1930, reprit le même procédé pour donner les dix-sept derniers dessins du peintre. Soit la totalité d’une œuvre réunie dans deux portfolios titrés « Au Cirque », et seulement édités à 200 exemplaires pour le monde.
« Belles et rares suites, très estimées et très cotées », prévient le catalogue Carteret à l’intention des bibliophiles. C’est annoncer, en quelque sorte, le bonheur qui est le nôtre de pouvoir proposer l’intégralité de ces dessins depuis longtemps introuvables sur le sol français.
Christophe Penot
Éditeur d’art